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La force de frappe du COVID-19 est propre à nous faire honte ! C’est un virus, l’histoire s’en souviendra, qui aura pu à la fois paralyser l’économie et mobiliser l’esprit de l’homme. Dans tous les secteurs de la vie, les activités sont majoritairement suspendues alors que tout le monde est intérieurement polarisé par une attente profonde ; nous sommes tous tournés vers l’avenir, un avenir ouvert sur le soulagement de vivre enfin pleinement. Les paradigmes ont donc changé, mais il n’est pas certain que le jugement des contemporains soit réellement modifié au sujet de l’économie, comme moyen au service de l’aspiration universelle au bonheur.
Jusqu’à l’aube de la pandémie, la prospérité de l’économie se mesurait uniquement sur le niveau de production, une production qui ne prenait pas nécessairement en compte la rareté des matières premières non plus la souveraineté des pays qui regorgent des sources naturelles ; mieux un type d’économie qui se fout complètement du principe de la destination universelle des biens. Une telle économie est pauvre en soi, parce qu’elle est déconnectée de sa finalité : la distribution des produits pour servir les besoins de tout homme et de tout l’homme.
Qu’on nous comprenne bien : l’économie n’est pas d’abord pour s’enrichir, mais pour gérer les biens de la nature afin de répondre aux besoins élémentaires de tous les hommes, non pas ceux d’une minorité. Ces besoins reflètent un vide qu’il faut combler, une imperfection qui appelle à une amélioration, autrement dit un mal à combattre pour protéger ce qui est fragile en chacun de nous, la vie. Grâce au développement économique, certains banaliseraient vite cette réalité, mais il y a de quoi nous rappeler que les maux sont aussi universels ! Nous sommes éprouvés par une pandémie devant laquelle il n’y a ni pauvre ni riche, ni noir ni blanc, ni supérieur ni inférieur … chacun peut en mourir tout comme il peut s’en sortir !
Aujourd’hui, chaque pays est préoccupé à compter et accompagner ses propres morts, mais aucun ne s’en remettra par lui-même. Certes, l’histoire a créé des frontières entre les pays, mais leur radicalisation risquerait de disperser les efforts de juguler la pandémie. La pandémie qui s’est méfié de toute frontière, ne sera vaincue qu’à condition d’établir une société d’ouverture, de justice et de fraternité, une société où personne ne devrait souffrir par manque du nécessaire.
En effet, c’est seulement grâce aux biens de la nature et aux efforts des autres – soutenus par le génie des générations passées – que l’on fabriquera un vaccin ou un médicament. Il serait donc prétentieux de s’autoproclamer « sauveur » des pays aujourd’hui plus endeuillés ou endettés de la planète. Car, le principe de la destination universelle des biens, presque inconnu du monde contemporain, nous contraint à redynamiser toutes les ressources, naturelles et humaines, indépendamment des frontières nationales ou des écoles de pensée, au secours de la famille humaine en péril. Cette piste permettra d’atténuer les dégâts de la pandémie mais surtout aux biens de la création (l’économie mondiale) d’affluer entre les mains de tous, selon la règle de la justice, inséparable de la charité.
Rugaba J. Julien
Programs Manager – JUC