(PC:REUTERS/Maggie Andresen )
L’humanité est en guerre, une guerre qui ne dit pas son nom, une guerre mondiale. La situation actuelle touche chacun et nous débarque tous dans une lutte contre le coronavirus ; ce que n’a pas fait les précédentes « guerres mondiales. » Au fond, nous sommes encore rappelés que « dans les combats d’aujourd’hui, tout se livre à l’échelle de l’homme et à l’échelle du monde. »[1] Il est important de reconnaître la nature de notre combat commun si nous ne voulons pas perdre l’opportunité d’un salut intégral. En fait, tous les efforts présents et futurs auront été vains contre le progrès de la contagion du covid-19 si nous échouons encore de retenir que la responsabilité individuelle et collective sont indispensables pour la réalisation de l’homme : fait pour le bien et pour le bonheur, faisant en lui, avec les autres et dans le monde, l’expérience troublante d’un mal qu’il ne veut pas et dont il ne peut se libérer.»[2]
Sans doute le covid-19 est-il le mal qui, aujourd’hui nous révolte le plus unanimement. Il trouble le cœur et la raison, le politique et le social, l’économique et le religieux ; elle nous met en face de nos propres nudités et des plus ultimes vérités. Alors que le développement économique et technologique commençait à engendrer les « politiques de l’autruche », le covid-19 rouvre nos yeux sur la vérité de la réalité du mal et le besoin universel du salut. Il y a là une leçon de vérité et qui, si nous ne fermons pas notre cœur (Psaume 94), sera elle-même un salut. Car, connaitre la vérité libère (Jean 8, 32). Cette leçon de vérité tient rigoureusement en ceci : « Le bien commun est privatisé, c’est-à-dire qu’il n’est pas comme il pourrait être, comme il devrait être, comme on voudrait qu’il soit ». Malgré son animosité, cette pandémie aura pu démontrer à toute personne de bonne volonté que les humains et les sociétés humaines ne réalisent « leur plein épanouissement » (Mater et Magistra, 65) qu’à travers la responsabilité individuelle et la solidarité de proximité, privée, publique et caritative.
Aujourd’hui, même si les frontières des pays sont fermées et les personnes contraintes au confinement et à la distanciation sociale, la dimension planétaire de la pandémie révèle indiscutablement celle du bien du ‘nous-tous’. La condition fondamentale et la fin ultime du bien de ce dernier demeure la paix (Caritas in veritate, 7). En effet, nous sommes en train d’apprendre par l’expérience que «la paix n’est pas une pure absence de guerre » (Gaudium et Spes, 78). En guerre, aussi bien contre un virus que contre nous-mêmes, pour la paix de tous, les responsables devraient redécouvrir le bien commun tel qu’il est, dans sa constance au regard de la dignité humaine et l’exercice plus juste des responsabilités. Œuvre de tous, cette paix requiert l’appui des responsables par la discipline, la confiance et la coopération.
Jean Julien Rugaba
Programs Manager, JUC